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09/03/2016

Tout Shakespeare en trois heures ... Et si c'était possible ? Par Pauline

 

tour complet pauline.jpgEt si on vous demandait de le faire ?Le feriez-vous ? Y croiriez-vous ? Réussiriez-vous ? L'immense artiste Gilles Cailleau n'y a pas seulement cru mais il l'a fait. Et surtout il a réussi en mélangeant Humour, Magie, Acrobatie à nous faire découvrir les pièces du grand dramaturge anglais, lors de son Tour Complet du Cœur. Sous son chapiteau qui jouxte sa roulotte, de la trilogie d'Henri VI à Roméo et Juliette en passant par Titus Andronicus ou encore Macbeth puis en finissant par La Tempête,  Monsieur Gilles nous fait  découvrir les pièces de Shakespeare pour certains. Pour d'autres, il les fait redécouvrir à sa façon, comme un spectacle de cirque où les numéros s’enchaînent. Cet homme si drôle a pourtant vécu une "very long story" comme il le dit, pas toujours jolie, mais à sa façon il oublie, et cela commence par le rire. Pour reprendre l'une de ses phrases lors de notre rencontre trois jours après son spectacle : "Je me masse avec le rire". Nous avons eu cette chance de pouvoir le voir en dehors de ses rôles, de pouvoir l’entendre parler de lui, de son parcours, de son métier. Un échange intense nourri de réflexions philosophiques, de récits de moments tragiques, et surtout de grands moments de rire. Voilà, le résumé de notre rencontre avec cet homme "extraordinaire qui fait partie de notre ordinaire." Pour finir, j'aimerais remercier cet artiste. Merci de nous avoir fait vivre cette expérience magique du Théâtre Forain, à travers le tour complet du cœur. Merci d’avoir prolongé ce moment en classe en nous parlant de votre vie. Pour ma part, si j'ai beaucoup appris sur Shakespeare, j’ai aussi appris que « l'infaisable est toujours faisable ! "          

05/02/2016

Apprendre sur la vie avec Marie-Jo Chombart de Lauwe, par Lisa

marie jo chombart de lauwe; ravensbruck; lycée henri avril; lambUn moment qui a duré deux heures mais qui m'a plus appris la vie que durant plusieurs années. La résistante se nomme Marie-Jo Chombart de Lawe. Dans son regard, nous pouvons apercevoir ses quatre-vingt treize années et beaucoup, beaucoup de vie. Nous aurions pu imaginer le contraire, que la mort qui l'a poursuivie et traquée pendant plusieurs années ne l'avait jamais quittée. Mais non. Dans ses yeux, j'ai vu de la vie et énormément de courage.

 Je ne pourrai pas citer en ces lignes toutes les phrases, les mots et les expressions qui m'ont bouleversée mais je vais en écrire une. « C'est en donnant la vie qu'elle nous est redonnée. » Ce n'est probablement pas les mots exacts qui ont été prononcés mais c'est de valeur sûre la portée que Mme De Gaulle a voulu donner aux mots qu'elle a adressés à Marie-Jo. Comme cette dernière nous l'a expliqué, avoir des enfants alors qu'on a vu de centaines de nourrissons morts ou s'éteindre dans ses mains, c'est une angoisse particulièrement extraordinaire. Elle se réveillait plusieurs fois par nuit pour vérifier que la chair de sa chair n'était pas partie par l'asphyxie. Et c'était un bonheur fou de se rendre à l'évidence que son enfant survivait. La souffrance de connaître ce qu'avaient vécu leurs parents, leurs modèles sur la planète Terre, ne leur a permis que très tard d'en prendre connaissance. Et quelles révélations... Si elles ont été à couper le souffle pour moi et tous ceux qui ont entendu l'histoire de Marie-Jo Chombart de Lawe, alors je n'ose imaginer la réaction de sa progéniture.

J'admire aussi le parcours de combattante et de résistante de cette femme. Il faut une force assez conséquente pour se battre pour la liberté envers et contre tout ce qu'on subit, spécialement quand on a dix-huit ans et qu'on est très influençable. J'admire cette femme et j'admire sa combativité. Sur les murs de sa cellule à la prison de la Santé, elle a écrit ces vers :

« Gémir, pleurer, prier est également lâche,

Fais énergiquement ta longue et lourde tâche,

Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,

Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. »

C'est un extrait de « La mort du loup. », un poème de Vigny. C'est ma définition du courage.

Elle a aussi exprimé le fait que les SS voulaient déshumaniser les déportés mais qu'au final, c'était eux les plus déshumanisés. C'est une des choses les plus importantes que j'ai apprise.

De plus, « la morale de fin » c'est que j'ai de la chance, que ma vie est une chance, et qu'il faut effacer la haine que l'on a pour l'autre.

Rencontre avec Marie-José Chombart de Lauwe, par Maria

marie jo chombart de lauwe; ravensbruck; lycée henri avril; lambQue dire ? Comment réagir ? Je n'en ai pas la moindre idée. Mais ça pèse, lourd. Sur le cœur, sur la conscience, dans l'atmosphère. Je me pose un million de questions. Aurais-je été capable ? D'être enfermée ? De ne manger que très peu ? D'emmener des cadavres de bébés sur des tas de corps sans vie ? Aurais-je survécu ? Aurais-je pu trouver la force de croire à la vie après avoir baigné dans la mort ? Des questions auxquelles je ne pourrai jamais répondre, il faut vivre pour savoir. Et je me dis que nous ne sommes rien, un infini de rien. Nous nous plaignons sans arrêt, pour de petites choses si futiles. J'ai eu le souffle coupé par cette femme. Avec tant de souvenirs et de vécu dans un si petit corps. Comment fait-elle pour s'endormir sans penser à tout ça ? Est-ce qu'elle y songe, déjà ? Je me dis que ma vie est bien pauvre si je la compare avec la sienne. Je n'ai encore rien « accompli » dans ma vie, et je sais que quoi que je fasse, ça n'égalera jamais ce qu'elle a fait. Je me sens si petite face à cette femme qui doit sûrement faire deux têtes de moins que moi. Elle est grande. Par sa présence et son vécu.

J'ai été bouleversée, bien trop bouleversée par cette femme qui me regardait dans les yeux tout en contant son histoire. Je ne serais pas capable de lister toutes les horreurs vécues, il y en a bien trop. Je me contenterais de ce texte ridicule, retranscrivant le chaos présent dans ma tête, ce mardi 19 janvier 2016 à 11h47, salle B16, après avoir écouté Madame Chombart de Lauwe. 

 

Au cimetière allemand, par Faustine

cimetière allemand; première l; lycée henri avril; lamballe 

Je n'ai pas fait de texte sur le cimetière américain pour une raison simple, c'est le cimetière allemand qui m'a le plus émue. Tout était sombre, même les arbres semblaient pleurer. Ici, aucune gloire post-mortem, aucun artifice, juste des fosses, et quelques croix, noires, comme recouvertes de cendre. Il n'y avait personne à l'affût de la moindre feuille qui tombe, contrairement au cimetière américain, où tout était parfaitement entretenu, où la pelouse était tondue au millimètre, peut-être même à la pince à épiler. Pas de musique pour les soldats disparus, pas de gigantesque mémorial pour rendre hommage à des personnes qui n'adhéraient pas forcément à l'idéologie nazie, qui n'ont pas eu le choix de se battre ou non. Même l'entrée du cimetière m'a serré le coeur. Il y faisait froid, tout était d'une simplicité extrême, tellement simple que ça en devenait triste. Les rires fusaient dans l'enceinte du cimetière, j'ai même entendu: "peu importe, c'était des Allemands.". Au centre, on trouvait une grande stèle, encore noire, statue de suie. On pouvait y grimper pour avoir une vue d'ensemble, on y a pris des photos, sourire aux lèvres, même moi, j'ai eu honte. J'espère qu'il en est de même pour les autres. Je ne sais pas quelle signification elle avait. Nous avons peut-être souillé un symbole de ces vies fauchées, par nos rires et notre idiotie, le symbole de tous ces hommes tués, par un obus, une mitraillette, ou trop de barbelés.

Dans ce texte, je souhaiterais m'excuser, pour ces âmes que l'on a humiliées, pour ces mines réjouies qui n'avaient pas lieu d'être. Rendons hommage à ces enfants, ces pères, ces frères, qui n'ont pas forcément choisi la barbarie nazie.

Jeny au cimetière américain, par Emilie

cimetière américain; première l; lycée henri avril; lamballe 

Jeny regarde l’étendue de croix d’un blanc pur. Elle a du mal à croire qu’il y a plus de soixante ans cet endroit a été un véritable cauchemar, un carnage, un chaos total. Maintenant, tout est si bien ordonné. Les croix sont d’une blancheur immaculée. La pelouse est tondue au centimètre près, il n’y a pas un brin d’herbe qui dépasse, pas une mauvaise herbe qui ferait tâche sur le vert émeraude de la pelouse, pas un arbre ou un buisson qui ne soit bien taillé, pas une feuille morte sur le sol malgré le mois de novembre qui sévit. La nature semble vouloir éviter de déranger, même les feuilles oranges et marron n’osent pas tomber comme pour ne pas gâcher l’uniformité du sol vert. Tout est calme, il n’y a pas un bruit incongru. Jeny ressent une atmosphère étrange et lourde mais en même tant sereine, elle a l’impression que son souffle dans l’air glacé et ses pas sur le sol humide pourraient troubler cet univers.

Dans sa main gauche elle tient une rose rouge. Dans l’autre, elle serre nerveusement un petit papier, avec sa main tremblante de froid et d’émotions elle le déplie pour le lire : « Andrew Smith, PVT 5ème infanterie, 3ème division, Seattle, 6 juin 1944, carré J ». Un message formel mais qui signifie plus que ce qu’il ne prétend. Jeny se dirige vers le carré J. Au passage, elle scrute les inscriptions sur les tombes. Mais aucune ne sort du lot. Toutes les croix sont uniformes, à part les quelques tombes en forme d’étoiles de David. A côté de certaines croix, Il y a une rose. Ces roses sont rouges, roses, blanches, oranges ou jaunes, mais elles sont toutes récentes, il n’y en a aucune de fanée. Les jardiniers doivent les retirer avant qu’elles ne s’abîment pour éviter le moindre défaut dans les allées.

Finalement elle arrive enfin devant la tombe d’Andrew Smith, son grand père. Elle ne la reconnaît que grâce au nom qui est inscrit. Elle s’attendait à la deviner grâce à son instinct, elle pensait qu’elle saurait tout de suite que c’était la tombe de son ancêtre rien qu’en la regardant, sans avoir besoin de lire les inscriptions. Mais non, cette tombe n’est pas différente des autres. Elle est parfaitement entretenue et respecte l’uniformité du cimetière. Jeny est presque déçue, elle aurait voulu que cette croix la marque plus que les autres. Elle s’apprête à planter la tige de la fleur dans la terre près de la croix, mais se ravise. Elle regarde une dernière fois la tombe avant de partir.

Elle n’a pas envie que sa rose jugée trop vieille soit arrachée dès le lendemain par les jardiniers, elle n’a pas envie de rendre un hommage conforme à son grand-père, il a le droit à un hommage plus personnel. Alors qu’elle continue de marcher, elle se retrouve face à la plage d’Omaha Beach, la plage la plus meurtrière du débarquement de Normandie s’étend à perte de vue. Meurtrière, elle l’a aussi été pour Andrew Smith, le 6 juin 1944, ce jeune homme de vingt deux ans fut touché par une balle Allemande au thorax alors qu’il aidait un blessé à se mettre à l’abri. Il a maintenant vingt-deux ans à jamais. Il n’aura jamais connu sa fille de sept mois. Jeny trouve même saugrenu d’appeler cet homme son « grand-père ». Jeny emprunte l’escalier qui mène à la plage.

Lorsqu’elle pose son pied sur le sable humide, elle repense à tous ces soldats. Quels ont été leurs sentiments lorsqu’ils ont foulé pour la première fois le sable de la plage cimetière ? Comment trouvaient-ils le courage de sortir des barges ? Jeny marche un peu sur la plage, puis elle s’accroupit et élève un petit tas de sable dans lequel elle plante la rose. Ainsi elle espère rendre hommage à son grand-père comme aux autres soldats. Elle regarde une dernière fois son « petit mémorial » et retourne à l’autocar.