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05/02/2016

Apprendre sur la vie avec Marie-Jo Chombart de Lauwe, par Lisa

marie jo chombart de lauwe; ravensbruck; lycée henri avril; lambUn moment qui a duré deux heures mais qui m'a plus appris la vie que durant plusieurs années. La résistante se nomme Marie-Jo Chombart de Lawe. Dans son regard, nous pouvons apercevoir ses quatre-vingt treize années et beaucoup, beaucoup de vie. Nous aurions pu imaginer le contraire, que la mort qui l'a poursuivie et traquée pendant plusieurs années ne l'avait jamais quittée. Mais non. Dans ses yeux, j'ai vu de la vie et énormément de courage.

 Je ne pourrai pas citer en ces lignes toutes les phrases, les mots et les expressions qui m'ont bouleversée mais je vais en écrire une. « C'est en donnant la vie qu'elle nous est redonnée. » Ce n'est probablement pas les mots exacts qui ont été prononcés mais c'est de valeur sûre la portée que Mme De Gaulle a voulu donner aux mots qu'elle a adressés à Marie-Jo. Comme cette dernière nous l'a expliqué, avoir des enfants alors qu'on a vu de centaines de nourrissons morts ou s'éteindre dans ses mains, c'est une angoisse particulièrement extraordinaire. Elle se réveillait plusieurs fois par nuit pour vérifier que la chair de sa chair n'était pas partie par l'asphyxie. Et c'était un bonheur fou de se rendre à l'évidence que son enfant survivait. La souffrance de connaître ce qu'avaient vécu leurs parents, leurs modèles sur la planète Terre, ne leur a permis que très tard d'en prendre connaissance. Et quelles révélations... Si elles ont été à couper le souffle pour moi et tous ceux qui ont entendu l'histoire de Marie-Jo Chombart de Lawe, alors je n'ose imaginer la réaction de sa progéniture.

J'admire aussi le parcours de combattante et de résistante de cette femme. Il faut une force assez conséquente pour se battre pour la liberté envers et contre tout ce qu'on subit, spécialement quand on a dix-huit ans et qu'on est très influençable. J'admire cette femme et j'admire sa combativité. Sur les murs de sa cellule à la prison de la Santé, elle a écrit ces vers :

« Gémir, pleurer, prier est également lâche,

Fais énergiquement ta longue et lourde tâche,

Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,

Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. »

C'est un extrait de « La mort du loup. », un poème de Vigny. C'est ma définition du courage.

Elle a aussi exprimé le fait que les SS voulaient déshumaniser les déportés mais qu'au final, c'était eux les plus déshumanisés. C'est une des choses les plus importantes que j'ai apprise.

De plus, « la morale de fin » c'est que j'ai de la chance, que ma vie est une chance, et qu'il faut effacer la haine que l'on a pour l'autre.

Rencontre avec Marie-José Chombart de Lauwe, par Maria

marie jo chombart de lauwe; ravensbruck; lycée henri avril; lambQue dire ? Comment réagir ? Je n'en ai pas la moindre idée. Mais ça pèse, lourd. Sur le cœur, sur la conscience, dans l'atmosphère. Je me pose un million de questions. Aurais-je été capable ? D'être enfermée ? De ne manger que très peu ? D'emmener des cadavres de bébés sur des tas de corps sans vie ? Aurais-je survécu ? Aurais-je pu trouver la force de croire à la vie après avoir baigné dans la mort ? Des questions auxquelles je ne pourrai jamais répondre, il faut vivre pour savoir. Et je me dis que nous ne sommes rien, un infini de rien. Nous nous plaignons sans arrêt, pour de petites choses si futiles. J'ai eu le souffle coupé par cette femme. Avec tant de souvenirs et de vécu dans un si petit corps. Comment fait-elle pour s'endormir sans penser à tout ça ? Est-ce qu'elle y songe, déjà ? Je me dis que ma vie est bien pauvre si je la compare avec la sienne. Je n'ai encore rien « accompli » dans ma vie, et je sais que quoi que je fasse, ça n'égalera jamais ce qu'elle a fait. Je me sens si petite face à cette femme qui doit sûrement faire deux têtes de moins que moi. Elle est grande. Par sa présence et son vécu.

J'ai été bouleversée, bien trop bouleversée par cette femme qui me regardait dans les yeux tout en contant son histoire. Je ne serais pas capable de lister toutes les horreurs vécues, il y en a bien trop. Je me contenterais de ce texte ridicule, retranscrivant le chaos présent dans ma tête, ce mardi 19 janvier 2016 à 11h47, salle B16, après avoir écouté Madame Chombart de Lauwe. 

 

30/01/2016

Résister, par Léna, suite à la rencontre avec Marie-Jo Chombart de Lauwe

marie jo.JPG 2.jpg                                  Réseau radio

                               Papiers clés café

                              Plans appartement

                                Examens matin

                                Appel nouvelles

Correspondance résistance

Espion trahison

Arrestation carton

 

Inhabitude inquiétude

Malchance ignorance

Emprisonnée questionnée

Ne pas parler

 

Emprisonnée questionnée

Ne pas parler

 

Emprisonnée questionnée

Ne pas parler

Déportée pour des années

 

Camp mamans

Vêtements pas souvent

Questions rations

Faim pain

Ignorance conscience

Déshumanisation abomination

Hivernal glacial

Souffrance maltraitance

Solidarité chantée

Boire espoir

Debout partout

Attente constante

Résiste persiste

 

Libération

Libérées

Libérée

Vie retrouvée

29/01/2016

Rencontre avec Marie-José Chombart de Lauwe, une grande résistante, par Vincent

marie jo chombart de lauwe; ravensbruck; lycée henri avril; lamballeNous avons eu la chance, aujourd'hui, de rencontrer cette femme exceptionnelle, qui est venue nous conter son histoire du début de sa résistance qui l’a conduite au camp de Ravensbruck, jusqu'à nos jours. Dans toute sa vie, c’est toujours la même volonté et le même courage, la même générosité pour essayer d'aider des gens autant qu'elle a pu, à vivre, à survivre et à comprendre. Au début de son activité en tant que résistante à Bréhat, elle participe aux opérations qui font passer des français vers l'Angleterre, les aidant à fuir un pays occupé par les Allemands. Mais ce qui devait arriver arriva, la petite résistante de 18 ans n'échappe pas à la Traction noire qui la conduit  vers la prison de La Santé. Elle y laissera la trace de son passage en inscrivant sur l'un des murs de sa cellule les derniers vers de « La mort du loup » de Vigny: 
 " Gémir, Pleurer, Prier est également lâche,
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche,
Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,
Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler."
 Suite à cela, elle est déportée vers le camp de Ravensbrück et devient une « Nacht und Nebel ». D’abord condamnée à mort, elle est ensuite affectée à l’atelier de l’usine Siemens puis, comme elle avait commencé des études de médecine, elle se retrouve dans un endroit appelé la Kinderzimmer (chambre des enfants), la « nurserie » du camp. C'est l'étape la plus difficile de son parcours moralement : l'aberration de trouver dans un tel lieu de mort la présence de nourrissons. Elle fait tout pour maintenir en vie ces bébés nés seulement pour mourir, ce qui est moralement très éprouvant.  A cela s’ajoutent les Appels des nuit d'Hiver par les grands froids Baltiques, le manque de vêtements, de nourriture et le traitement déshumanisant des SS.  Mais Marie-Jo survit et tient jusqu'au bout, jusqu'à la libération des camps. C'est donc à la suite de cette épreuve des plus cauchemardesques, qu'elle est rapatriée vers la France par la croix rouge. Ce jour-là elle n'y croit pas, elle pense même être victime une fois de plus de la barbarie nazie et envoyée vers un camp de la mort, tellement l'espoir de survie est faible après les mois d’horreur vécus. Mais la chance sourit enfin à cette battante, qui réussit quelques années plus tard à retrouver une vie normale, sans pour autant oublier l’enfer du camp. Elle fonde une famille de quatre enfants, une façon de plus de montrer sa résistance face aux souffrances endurées, notamment auprès des enfants dont elle s'est occupée et qu'elle a permis de sauver. L'une de ses amies proches, Geneviève de Gaulle, lui dira alors que donner la vie est la meilleure façon de redonner un sens à la sienne.Grâce à la force et au courage de cette femmes, nous pouvons désormais recenser une quarantaine de bébés, dont trois français, sauvés de Ravensbruck.Aujourd'hui titulaire de la Légion d'Honneur, Présidente de l'association des déportées de France et plus déterminée que jamais à nous faire comprendre la réalité, pour que de tels crimes contre l’humanité ne se produisent plus, elle nous raconte son histoire bouleversante.