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29/04/2015

J - 1 !

acharnés; théatre en résidence; rené char; lycée henri avril; th

Aujourd’hui mercredi, dernière journée de travail au quai des rêves avant le jour des représentations.

Après le traditionnel échauffement, nous avons répété la partie du spectacle que nous jouerons mardi lors du festival Pas Sages. La matinée s’est prolongée par un filage des scènes, sans les jouer en intégralité mais juste en fonction des changements de décor et de costumes, en vérifiant tous les mots clefs qui annoncent les entrées et sorties et permettent d’enchaîner les scènes.

L’après-midi, pendant que les metteurs en scène, les techniciens et madame Dabchy effectuaient les derniers réglages techniques, chacun a révisé ses scènes, en faisant des italiennes. Puis à 14 heures 30, le filage a pu débuter, avec les costumes, les accessoires, les lumières, les musiques. Une expérience qui a permis à chacun de mesurer la qualité du travail, l’émotion déjà très présente et de prendre conscience des améliorations à apporter pour les représentations de demain.

La journée s’est terminée par un débriefing avec les comédiens, metteurs en scène, professeurs, techniciens, ainsi que le proviseur venu nous encourager dans notre travail.  La fatigue et la tension se lisaient sur les visages car tous les élèves ont beaucoup donné. Il nous faudra retrouver cette belle énergie demain pour les deux représentations qui clôtureront huit mois de travail sur le projet.

Mais les acharnés sont confiants et déterminés à donner le meilleur.

 

Venez nombreux demain soir à 20 heures 30 au quai des rêves ! 

28/04/2015

Premier filage technique, par Clémentine

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Mardi 28 avril. Deuxième jour de la semaine en résidence. Aujourd’hui, changement radical de comportement. La motivation renaît et cela se ressent dans le jeu.

Comme d’habitude, nous avons commencé la journée à 9 heures par des exercices de respiration et de détente du corps en formant un grand cercle sur le plateau. L’occasion pour Christophe et Zouliha de nous mettre en confiance tout en nous aidant à nous concentrer, pour investir nos rôles. Ce travail a immédiatement porté ses fruits puisque nous avons dit le texte « Je n’écrirai pas de poème d’acquiescement » sans erreur, avec conviction, habités. Puis comme à l’habitude, nous nous sommes séparés en deux groupes.  Le groupe de Christophe  est resté sur le plateau et le groupe de Zouliha est allé répéter en salle Isadora Duncan. Nous avons joué nos scènes respectives, qui, par rapport à la veille, ont nettement gagné en authenticité et le jeu d’acteur s’est amélioré. Des éléments du décor se sont également mis en place et nous avons pu jouer en costumes ce qui nous a permis de mieux rentrer dans la peau des personnages.

L’après-midi, après un moment de détente autour d’un pique-nique, nous avons repris plus tôt afin de prendre connaissance tous ensemble des scènes que nous aurons à jouer mardi prochain dans le cadre du festival Pas Sages, où nous n’aurons que 15 minutes de jeu. Christophe et Zouliha ont donc procédé à un montage qui donnera un bon aperçu de notre spectacle et de notre travail. Puis les deux groupes réunis ont joué ensemble sur le plateau afin de réaliser un premier filage technique. Cela a permis aux techniciens et metteurs en scène de mettre au point les lumières, les enchaînements musicaux, et à Madame Dabchy de projeter des images de René Char. Nos deux metteurs en scène ont aussi pu voir les passages qui posaient problème dans les répliques, les déplacements de palettes lors des changements de décor. Quant à nous, cela nous a permis de visualiser l’assemblage des scènes, de nous rendre compte de la rapidité à laquelle file la pièce et de mesurer le temps dont nous disposons entre deux scènes pour changer de costume.

 

Au final, cette journée est passée à toute allure et nous avons vraiment avancé. Cependant rien n’est gagné et nous avons encore du travail à accomplir d’ici la représentation. Mais nous savons que quoiqu’il arrive nous allons donner le maximum, tels des …. A-Char-Nés ! 

27/04/2015

Premier jour de la semaine en résidence, par Louise

 

acharnés; théatre en résidence; rené char; lycée henri avril; th

Lundi 27 avril. Premier jour de la semaine en résidence au Quai des Rêves. Christophe et Zouliha nous accueillent. Nous nous changeons dans les loges et nous réunissons sur la scène pour des exercices de voix et d'échauffement du corps, étape indispensable à l'harmonie du groupe, avant de commencer la répétition. Nous refaisons la première scène  sur le plateau avant de nous séparer en groupes, l'un sur le plateau et l'autre dans la salle Isadora Duncan, de façon à nous entraîner sur notre partie du spectacle, jusqu'au  midi. 


13h30: Reprise des répétitions. Il est difficile de s'y remettre après deux semaines de vacances et certains élèves ne sont plus aussi motivés. 
Les groupes changent d'espace. Le groupe de Christophe commence à déterminer la configuration des différents tableaux avec les palettes, pendant que le groupe de Zouliha répète en salle Duncan. Nous nous réunissons tous ensuite sur le plateau pour la scène de groupe finale.
À la fin de l'après-midi, nous sommes tous exténués et cela se ressent dans notre jeu. Les metteurs en scènes l'ont bien remarqué et décident de faire une mise au point quant à notre engagement et notre motivation. Ils nous font prendre conscience de l'imminence de la représentation et du travail qu'il reste à fournir. Nous répétons la dernière scène avec plus de motivation et nous quittons dans une meilleure atmosphère.  
Demain, il nous faudra prouver notre motivation à nos professeurs et aux metteurs en scène et redoubler d'engagement. L'avenir du projet en dépend. 

25/04/2015

A-Char-Nés ! L'affiche...

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Les Feuillets d'Hypnos ou la voix d'encre, par Isabelle Guilloteau

« Résistance n’est qu’espérance. Telle la lune d’Hypnos, pleine cette nuit de tous ses quartiers, demain vision sur le passage des poèmes »[1]

 René Char

 

Les Feuillets d’Hypnos ou la voix d’encre[2]

 

1943. Céreste, petit village du Lubéron, au pied des Alpes de haute Provence. Depuis quelques mois déjà, René Char, devenu Capitaine Alexandre dans la résistance, y dirige le réseau chargé d’organiser le débarquement en Provence. Parallèlement, il emprunte son nom  à Hypnos, dieu du sommeil chez les grecs, pour se désigner comme le poète veillant sur son peuple, dans la nuit de la guerre. En effet, révulsé par l’horreur nazie, il a renoncé à sa plume et pris les armes. Char reste poète, mais poète de l’action. Tant qu’un seul soldat allemand occupera le sol français, sa poésie demeurera dans l’ombre. Il a prévenu ses amis : «  le poète est retourné pour de longues années dans le néant du père. Ne l’appelez pas, vous tous qui l’aimez »[3] et renouvellera son refus de publier en cette période de trouble, où l’action doit primer sur l’écriture. Sortir ses vers de la clandestinité pourrait s’apparenter à un partage avec l’ennemi, à un ralliement, ce qui lui est insupportable : «  Je n’écrirai pas de poème d’acquiescement»[4]. Mais lors des nuits du maquis, la brutalité de l’existence ne trouve d’autre exutoire que les mots, et Char continue d’écrire. Une suite de notes, qu’il prend sur des carnets, et dont il ne mesure alors probablement ni la valeur prophétique, ni la puissance poétique. Perpétuellement aux aguets, l’homme n’a plus le temps de composer et l’urgence lui dicte un style fragmentaire : « J'écris brièvement. Je ne puis guère m'absenter longtemps. S'étaler conduirait à l'obsession »[5]. Toutefois, ce qui le différencie des autres poètes de la résistance, c’est la mutation formelle que le contexte opère sur sa poésie. En effet, la brièveté inhérente à la situation précaire de Char va influer sur sa parole, la ramasser dans la forme épurée de l’aphorisme (le plus souvent), et condenser ainsi une vérité dans la fulgurance de ses images. Les exemples foisonnent, mais c’est sans doute dans l’expression du désespoir que l’aphorisme atteint son paroxysme, en terme de puissance suggestive: «  Les yeux seuls sont encore capables de pousser un cri ». [6]

Ecriture conditionnée par la Résistance, Les Feuillets d’Hypnos, nés selon leur auteur « dans la tension, la colère, la peur, l’émulation, la ruse, le recueillement furtif, l’illusion de l’avenir, l’amitié, l’amour »[7], se lisent aussi comme un témoignage sur la Résistance. Affirmation de  l’abjection nazie (« Il existe une sorte d’homme toujours en avance sur ses excréments »[8]), évocation des difficultés de vie dans le maquis- solitude, trahisons, déceptions, dilemmes- c’est une sombre époque, presque une fin de monde que nous dépeint le poète. Si les exécutions- celles des ennemis ou des compagnons de route- sont le lot quotidien du résistant, la mort, omniprésente et familière, n’est jamais acceptée ou banalisée. Là où le combattant ne peut s’attarder, ni s’émouvoir ou s’indigner, le poète à travers ses notes tisse un linceul pour les victimes de l’ombre : « Tel un perdreau mort, m’est apparu ce pauvre infirme que les Miliciens ont assassiné à Vachères […] un œil arraché, le thorax défoncé, l’innocent absorba cet enfer et leurs rires. »[9]. Mais au-delà du contexte particulier de Char, Les Feuillets d’Hypnos révèlent aussi les interrogations d’un homme devant la propension de ses semblables à se maintenir dans la part des ténèbres, celle des crimes et des bassesses, alors qu’il perçoit en eux une aspiration à la lumière : « Je vois l’homme perdu de perversions politiques, confondant action et expiation, nommant conquête son anéantissement. »[10] L’imperfection humaine ne cessera de nourrir la réflexion : «  Un homme sans défaut est comme une montagne sans crevasse : il ne m’intéresse pas »[11]. Encouragée par la communion avec la Nature et les éléments, la méditation s’étendra aux secrets du monde, à sa terre de Provence dans laquelle le poète va puiser une force quasi animale : « Toute la masse d’arôme de ces fleurs pour rendre sereine la nuit qui tombe sur nos larmes »[12].

Alternance de phases de découragement et d’exhortation à l’action, Les Feuillets nous livrent le portrait d’un homme en mouvement, énergique, combattif. Un homme qui ne plie jamais, révolté originel, irréductible, dont l’humanisme, s’il se trouve parfois altéré par sa douloureuse acuité du réel, est plus souvent revigoré par cette même « lucidité, […] la blessure la plus rapprochée du soleil »[13]. Chant simultané d’espoir et de désillusion, peinture de la barbarie et de la fraternité humaines, Les Feuillets d’Hypnos illustrent bien la conciliation des contraires, héritage héraclitéen revendiqué par René Char, et s’inscrivent logiquement dans le recueil Fureur et mystère, qui paraîtra en 1948, dont ils forment la seconde section. Fureur contre l’oppression, mystère des rouages de l’homme et du monde.

 

Ainsi ce « journal » dépasse-t-il le contexte historique de la Résistance. Bien plus qu’un tableau réaliste des horreurs de la guerre, de la faillite d’une époque, Les Feuillets sont cette parole nocturne tendue par l’urgence, ce rêve qui distille des idéaux, politiques et poétiques.  Dédiés à Albert Camus, ils portent cet espoir indéfectible en l’homme, artisan des temps de paix à venir, et cette foi dans le poète, dont les mots peuvent « changer la vie ». L’écriture fragmentée de Char est cet éclair déchirant l’obscurité des cieux. Chargée de la puissance des orages, elle en répand la lumière en affirmant la nécessité et la vocation de la parole poétique :

« Dans nos ténèbres, il n’y a pas une place pour la Beauté : toute la place est pour la Beauté. »[14]

 

Article publié dans la revue Diptyque, juin 2010

 



[1] Les Feuillets d’Hypnos, in Fureur et mystère, Poésie/Gallimard, note 168

[2] Ibid. Note 194

[3] « Chant du refus, début du partisan », Seuls demeurent, in Fureur et mystère, Poésie/Gallimard.

[4] Les Feuillets d’Hypnos, in Fureur et mystère, Poésie/Gallimard, note 114

[5] Ibid. Note 31

[6] Ibid. Note 104

[7] Ibid. avant propos, page 85

[8] Ibid. Note 28

[9] Ibid. Note 111

[10] Ibid. Note 69

[11] Ibid. Note 32

[12] Ibid. Note 109

[13] Ibid. Note 169

[14] Ibid. Note 237