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20/12/2012

Nous voici enfin lancés sur la piste des héroïnes !

répétition.jpgAprès un trimestre de lectures, de recherches, d'études de textes sur les héroïnes, après trois semaines d'écriture intensive des scènes de transition, nos comédiens en herbe ont passé une matinée avec Christophe et Zouliha du théâtre du totem. Au programme, des exercices de pratique théâtrale, une lecture du texte intégral de la pièce, qui mêle leur écriture à celle des auteurs étudiés, et une répartition des rôles. Pour les répétitions, la classe a été divisée en deux groupes. Aussi le compte-rendu qui suit est-il écrit à deux voix, Marie pour le groupe de Zouliha, Yuna pour celui de Christophe.



 

 

Marie :

 

D'abord, Zouliha nous a fait mettre en cercle pour échauffer les muscles. Il s'agissait de mimer l'action de soulever des briques et puis de faire des étirements. Ensuite, nous avons travaillé la respiration par le ventre.

Nous avons enchaîné avec des exercices mêlant la voix et le geste. Pour cela, nous avons étudié les consonnes selon une technique permettant de communiquer avec les autistes par le mouvement, technique inventée par un psychologue. Par exemple pour le M, on se caresse le ventre comme si on se régalait. Pour le Z on fait le Z de Zorro, pour le S on imite le serpent avec le bras en disant « SSSSS ». Nous avons ainsi mimé nos noms pour nous présenter en n'utilisant que les consonnes. Ensuite nous devions nous appeler: pour dire « Leslie appelle Océane » on disait « LSL CN » , tout en effectuant les gestes correspondants, ce qui demande de la concentration et de la mémorisation !

Suite à cela, nous avons marché dans l'espace sur un rythme que Zouliha donnait en tapant avec des bâtons en bois. Quant elle s'arrêtait, nous devions nous arrêter aussi et redémarrer avec elle. En tapant dans les mains, l'un d'entre nous pouvait proposer un mouvement que tous les autres devaient répéter. On pouvait également dire "statue", "granit" ou "argile". Pour « statue », la personne s'immobilisait dans la position de son choix et les autres l'imitaient. Même principe pour « argile » qui consistait à faire un geste accompagné d'un bruit. Quant à « granit », dès que nous l'entendions, nous devions nous recroqueviller.

Après ces exercices, nous nous sommes assis en cercle et nous avons découvert le montage final des textes, ceux des auteurs étudiés, et les nôtres ! Nous avons lu tous les textes, chacun choisissant un personnage. Puis nous avons réparti les scènes et les rôles : La Callas, Iphigénie, Médée, Salina, Camille Claudel, Juliette de Shakespeare, Mère Courage, Anne Franck pour les personnages principaux, mais aussi des rôles d'élèves de Masterclass, des rôles dans les différents choeurs, dans les scènes de groupe. La distribution fait la part belle aux héroïnes, mais nous n'avons pas oublié les quatre garçons du groupe qui seront successivement Achille, Saro, Rodin, Frère Laurence. Chacun part ainsi en vacances avec son texte à apprendre.

 

Yuna :

Vendredi 14 décembre, les metteurs en scène Christophe et Zouliha viennent nous rendre visite.

Après nous être changés, nous nous retrouvons tous. Christophe prend en charge le groupe 2 dans une salle à part. Nous nous plaçons tous en cercle, un peu gênés devant le metteur en scène.

Les exercices commencent… Dans un premiers temps, Christophe nous demande de marcher dans la salle à différentes allures, lentement, puis plus vite, jusqu’à trottiner. Puis tout d’un coup, il nous arrête et nous demande de fermer les yeux, nous reprenons notre souffle. Le calme revient petit à petit. De nouveau en cercle, nous travaillons notre tonalité de voix, notre souffle et notre gestuelle. Voire les trois en même temps. Nous répétons après Christophe : « vers la mer, partout la mer, des flots, des flots encore, l’oiseau fatigue en vain son inégal essor » de manières différentes. Nous accentuons nos expirations à chaque virgule jusqu'à dire la phrase d’une traite. Etre maître de sa respiration est très important au théâtre, tout est calculé, chaque souffle, chaque inspiration et chaque expiration deviennent millimétrés. Un nouvel exercice dissipe ensuite toute gêne, toute timidité : il s’agit de dire une phrase, « désolé, je suis en retard, j’ai perdu la notion de l’heure », de différentes façons. Par exemple, à la manière d’une personne prétentieuse, précieuse, sur un ton faussement affecté ou bien en mode rappeur un peu lourd. Nous nous déplaçons en prononçant cette phrase, et nous dirigeons vers un autre membre du cercle qui prend le relais, ce qui provoque de nombreux fous rires. Nous nous sommes « lâchés », pour tout dire.

Après cette série d’apprentissages, il faut bien rentrer dans le vif du sujet : les textes et les rôles de la pièce. La lecture de l'ensemble (les textes que nous avons écrits et ceux des auteurs) nous permet de choisir le personnage qui nous convient le mieux. Que ce soit Antigone, Lady Macbeth, Jeanne d’Arc, Dora, Lucie Aubrac, Marylin Monroe, Janis Joplin, Amy Winehouse, Romy Schneider, les femmes de la célèbre assemblée du même nom, ou bien celles du FEMEN, chaque personne y trouve son compte. La distribution se fait dans le calme, pas de disputes dans l’appropriation des rôles, même les garçons sont satisfaits. Ils joueront tour à tour le Blépyros d'Aristophane, le père de Jeanne d'Arc, Stepan le révolutionnaire des Justes de Camus, Créon, ainsi que des élèves de la Masterclass.

Maintenant, il ne nous reste plus qu’à apprendre nos répliques et à mettre en scène notre future pièce. Ce sera l'objet des prochaines répétitions et de la semaine en résidence au quai des rêves. Venez nombreux, on compte sur vous pour nous applaudir le Vendredi 5 Avril !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une critique du film La Belle personne de Christophe Honoré, par Alicia Besnoux

la belle personne.jpgDans le cadre de notre travail sur les héroïnes tragiques, nous avons étudié La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette et les élèves ont pu voir l'adaptation libre de Christophe Honoré, La belle personne. L'occasion de se livrer à un exercice d'écriture critique dont voici un exemple....

 

La si belle personne de Christophe Honoré

 

Adapté du classique La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette, premier roman français d'analyse psychologique, ce film de Christophe Honoré nous fait passer d'une époque antérieure à nos jours à notre époque moderne. Ayant adoré le livre de Madame Lafayette, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en visionnant ce film, je fus agréablement surprise, tant par la fabuleuse palette d'acteurs que par l'adaptation méticuleuse qu'Honoré a voulu transmettre. Nous y découvrons des acteurs plus que convaincants, jouant leur rôles à merveille et nous nous attachons à eux et en demandons encore.

 

Dans La Princesse de Clèves, les sentiments étouffés par la Cour, perçue comme dangereuse et dont il faut se protéger, sont ici transposés sur un fond de cour de lycée, un lycée où règnent passion amoureuse, flirts mais aussi souffrance et tristesse. Junie, beauté singulière, de nature peu bavarde et distante, nous montre ses humeurs mélancoliques. Rapidement, les regards masculins se posent sur elle, elle est l'objet de la convoitise et du désir, comme le fut indéniablement La Princesse de Clèves. Junie représente l'adolescence tourmentée, partie à la recherche de l'amour passionnel, nous la voyons s'y perdre. D'un autre côté, elle représente avec une justesse incroyable, la beauté, la beauté de sa vertu et sa beauté extérieure. Honoré met en avant, ici, une jeunesse rêvée et fantasmée, jeunesse de nos jours, guidée par les stéréotypes de l'amour moderne, une jeunesse pour qui l'amour reste encore la grande affaire. Le triangle amoureux formé par Junie, Otto et Monsieur de Nemours, les pousse tous trois dans des passions vouées à les détruire.

 

Optant pour la subtilité, jamais le cinéaste ne fait se lasser le spectateur, à qui il expose la douleur des sentiments en puisant son inspiration dans l’œuvre originale de Madame de Lafayette, son essence. Aussi, Christophe Honoré nous livre-t-il une adaptation libre, moderne et, finalement, très intimiste. Il modernise ainsi la tragédie, n'exposant pas une liste sans fin de noms de princesses et de princes. Le spectateur ne se retrouve donc pas assommé par des intrigues qui s'entremêlent,. Au contraire, celles-ci deviennent plus claires, il s'agit d'intrigues, d'amourettes d'adolescents chagrinés.

 

Nous assistons à une réelle œuvre cinématographique, menée par un casting non pas hollywoodien mais tout aussi prestigieux, sinon plus. Ce long métrage, d'abord attendu comme un simple téléfilm, destiné à n'être vu que sur petit écran, révèle des acteurs talentueux, à qui l'on doit aussi le succès de ce film. Qui plus est, leurs réparties et leur interventions peuvent nous faire penser qu'ils ne sont justement pas des acteurs, mais tout simplement des personnes bien réelles qui vivent cette histoire d'amour passionnel, et ils n'en rendent ce film que plus beau, terriblement troublant et d'une incroyable sincérité. En effet, à travers eux, montrés en gros plan, Honoré, en dit long sur le ressentis personnel des personnages, en n'en disant que très peu en fin de compte, grâce aux longs silences. A contrario, de longs monologues ne font qu'accroître la tension tragique qui réside dans cette trame. Néanmoins, un côté m'a laissée sur ma faim, j'aurais aimé que le personnage principal, Junie, soit en présence de sa mère, qui lui a enseigné tant de valeurs. Le fait que cette dernière soit décédée est en quelques sortes l'élément qui a affecté Junie dans un nouvel environnement et donc dans un nouveau lycée. Cependant, nous entendons tellement parler de Madame de Chartres dans le roman, qu'ici son absence reste étrange, étant donné qu'elle est le pilier de l'éducation de sa fille. Cependant, je retiendrai le travail d'Honoré, qui filme avec précision les premiers émois, les premiers moments de tristesse, les désillusions des jeunes adolescents, les promesses non tenues, les trahisons, les manipulations, tout en sachant aussi capter avec brio la sincérité, et plus encore, la beauté des sentiments amoureux qui font de l'amour un sentiment bien mystérieux et douloureux.

Marjolaine, touchée par le témoignage de nos visiteurs palestiniens le 30 novembre a choisi de nous livrer ses impressions par une lettre adressée aux Israéliens

Les-premieres-l-rencontrent-des-palestiniens-de-qalqilya_FICHE749_reduit300px.jpg


Combat pour une vie de paix.

 

 

Chers Israéliens,

 

Nous savons ce qui se passe. Nous savons que ce mur de 12 mètres de hauteur que vous avez construit autour de nous ne sert pas principalement à la sécurité. Nous savons que vous voulez prendre les riches terres des Palestiniens, leur eau, leur source de vie dont vous avez tous besoin. Kifah, enseignante d'anglais, et Afaf, ancienne directrice d'école et professeure d'anglais, nous l'ont dit, nous l'ont expliqué aujourd'hui-même. Savez-vous qu'en construisant ce mur, vous séparez des familles, leurs terres, et bloquez leur liberté ? Ce n'est pas en prenant leur liberté que vous aurez la paix. Ils espèrent la paix avec impatience, leur Palestine est bien amère. Pourquoi tant de haine ? Pourquoi les bombarder de pierres lorsqu'ils se promènent sur les routes près des colonies israéliennes ? Pourquoi ne respectez-vous pas la ligne verte, cette ligne déclarée dans la loi, pourquoi la franchissez-vous et vous imposez-vous sur leur territoire, en détruisant ce que vous trouvez sur votre passage, en coupant leurs oliviers ? Ils ne demandent que la paix. Que la paix et la liberté. Ils en ont du courage et de l'humilité, ils en ont de la force, ils en ont du sourire ! Kifah et Afaf nous ont parlé de la reconnaissance de la Palestine à l'ONU avec une joie immense. Ceci va peut-être permettre de faire appel à la cour pénale internationale pour les injustices que votre pays produit. Régulièrement, vous emprisonnez des gens comme vous mais d'une nationalité différente, d'un pays si proche du vôtre... Elles nous ont appris que 75% des palestiniens avaient déjà été emprisonnés, hommes comme femmes, sans raisons ... . Nous avons fait aussi la rencontre de Hussein, maire d'une commune , et de Same, représentant de l'autorité palestinienne. Ils nous ont montré un reportage. Apparaît une jeune fille de notre âge, ses paroles nous ont émus. Elle disait « Nous ne sommes pas seuls sur Terre, nous respirons le même air, buvons la même eau, nous sommes de la même famille... » Ceci est un beau message de paix, qui j'espère vous touchera de même.

 

Le monde les soutient, le monde est derrière eux, le monde les aide. Ils ne disparaîtront pas, seules des vies auront disparu, disparu pour semer un peu de pagaille, juste ça. « Il est plus facile de faire la guerre que la paix » dit Georges Clémenceau durant son discours de Verdun, en juillet 1919. La guerre est plus facile, certes, mais elle mène à la mort. Et la mort est une solution de lâcheté pour affronter la vie, vivre dans la paix. Vivez dans la paix, recevez notre message, et surtout le leur. Leur combat pour une vie de paix.

 

Les élèves de première L du lycée Henri Avril