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20/12/2012

Une critique du film La Belle personne de Christophe Honoré, par Alicia Besnoux

la belle personne.jpgDans le cadre de notre travail sur les héroïnes tragiques, nous avons étudié La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette et les élèves ont pu voir l'adaptation libre de Christophe Honoré, La belle personne. L'occasion de se livrer à un exercice d'écriture critique dont voici un exemple....

 

La si belle personne de Christophe Honoré

 

Adapté du classique La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette, premier roman français d'analyse psychologique, ce film de Christophe Honoré nous fait passer d'une époque antérieure à nos jours à notre époque moderne. Ayant adoré le livre de Madame Lafayette, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en visionnant ce film, je fus agréablement surprise, tant par la fabuleuse palette d'acteurs que par l'adaptation méticuleuse qu'Honoré a voulu transmettre. Nous y découvrons des acteurs plus que convaincants, jouant leur rôles à merveille et nous nous attachons à eux et en demandons encore.

 

Dans La Princesse de Clèves, les sentiments étouffés par la Cour, perçue comme dangereuse et dont il faut se protéger, sont ici transposés sur un fond de cour de lycée, un lycée où règnent passion amoureuse, flirts mais aussi souffrance et tristesse. Junie, beauté singulière, de nature peu bavarde et distante, nous montre ses humeurs mélancoliques. Rapidement, les regards masculins se posent sur elle, elle est l'objet de la convoitise et du désir, comme le fut indéniablement La Princesse de Clèves. Junie représente l'adolescence tourmentée, partie à la recherche de l'amour passionnel, nous la voyons s'y perdre. D'un autre côté, elle représente avec une justesse incroyable, la beauté, la beauté de sa vertu et sa beauté extérieure. Honoré met en avant, ici, une jeunesse rêvée et fantasmée, jeunesse de nos jours, guidée par les stéréotypes de l'amour moderne, une jeunesse pour qui l'amour reste encore la grande affaire. Le triangle amoureux formé par Junie, Otto et Monsieur de Nemours, les pousse tous trois dans des passions vouées à les détruire.

 

Optant pour la subtilité, jamais le cinéaste ne fait se lasser le spectateur, à qui il expose la douleur des sentiments en puisant son inspiration dans l’œuvre originale de Madame de Lafayette, son essence. Aussi, Christophe Honoré nous livre-t-il une adaptation libre, moderne et, finalement, très intimiste. Il modernise ainsi la tragédie, n'exposant pas une liste sans fin de noms de princesses et de princes. Le spectateur ne se retrouve donc pas assommé par des intrigues qui s'entremêlent,. Au contraire, celles-ci deviennent plus claires, il s'agit d'intrigues, d'amourettes d'adolescents chagrinés.

 

Nous assistons à une réelle œuvre cinématographique, menée par un casting non pas hollywoodien mais tout aussi prestigieux, sinon plus. Ce long métrage, d'abord attendu comme un simple téléfilm, destiné à n'être vu que sur petit écran, révèle des acteurs talentueux, à qui l'on doit aussi le succès de ce film. Qui plus est, leurs réparties et leur interventions peuvent nous faire penser qu'ils ne sont justement pas des acteurs, mais tout simplement des personnes bien réelles qui vivent cette histoire d'amour passionnel, et ils n'en rendent ce film que plus beau, terriblement troublant et d'une incroyable sincérité. En effet, à travers eux, montrés en gros plan, Honoré, en dit long sur le ressentis personnel des personnages, en n'en disant que très peu en fin de compte, grâce aux longs silences. A contrario, de longs monologues ne font qu'accroître la tension tragique qui réside dans cette trame. Néanmoins, un côté m'a laissée sur ma faim, j'aurais aimé que le personnage principal, Junie, soit en présence de sa mère, qui lui a enseigné tant de valeurs. Le fait que cette dernière soit décédée est en quelques sortes l'élément qui a affecté Junie dans un nouvel environnement et donc dans un nouveau lycée. Cependant, nous entendons tellement parler de Madame de Chartres dans le roman, qu'ici son absence reste étrange, étant donné qu'elle est le pilier de l'éducation de sa fille. Cependant, je retiendrai le travail d'Honoré, qui filme avec précision les premiers émois, les premiers moments de tristesse, les désillusions des jeunes adolescents, les promesses non tenues, les trahisons, les manipulations, tout en sachant aussi capter avec brio la sincérité, et plus encore, la beauté des sentiments amoureux qui font de l'amour un sentiment bien mystérieux et douloureux.