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30/09/2015

Exposition sur la maison d'arrêt de St-Brieuc dans l'agora du lycée, par Morgane

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Ce mardi, l'heure d'accompagnement personnalisé a été consacrée à la découverte et à l'installation d'une exposition photo prise à la maison d'arrêt de St-Brieuc, et qui va nous servir pour notre projet théâtre sur l'enfermement.

Quatre d'entre nous sont allés chercher les deux cartons où il y avait les trente photos. Ensuite, chacun a pris une ou deux photos pour les déposer tout d'abord contre le mur. Nous les avons alors observés afin de décider comment nous allions les disposer sur les grilles. C'est ainsi que nous les avons regroupées par thèmes : la cellule, les couloirs, le parloir, la cour intérieure, les surveillants, l'extérieur.... Chacun a ensuite accroché les tableaux sur les grilles, selon les thèmes définis. Nous nous sommes ensuite regroupés pour lire le panneau de présentation de l'exposition réalisée par Sonia Naudy et dont voici un extrait :

« En octobre 2012, lors du Festival Photoreporter, je fais une présentation de mon travail sur les prisons pour femmes en Afghanistan devant une salle comble de la Maison d’Arrêt de Saint-Brieuc. Les détenus sont interpellés par ces prisonnières du bout du monde. Une réflexion est amorcée. Certains détenus évoquent le souhait de photographier leur quotidien carcéral. L’idée est lancée. Il a fallu près d’un an pour mettre en place le projet et toute l’énergie de Cyrille Cantin, coordinateur socio-culturel de la prison. Un an pour débloquer les fonds auprès des différents partenaires et pour obtenir les autorisations nécessaires auprès de la Direction Interrégionale des services pénitentiaires (DI) de Rennes. Le 16 septembre 2013, l’atelier photo débute enfin. Un groupe de 12 détenus volontaires est constitué. Que va-t-on photographier, comment, pourquoi ? Quelques questions de technique photo sont aussi abordées : cadrage, angle, lumière. Le groupe perd déjà 3 membres... Les neuf restants s’investiront de manière totale jusqu’au bout du projet : Sebastien, Nicolas, Olivier, Denis, Guy, Jack, Guillaume, Fabrice, Az. Une chose m’interpelle : les détenus ne se connaissent pas entre eux. La Maison d’Arrêt est relativement petite (150 détenus pour 100 places) et les hommes se croisent régulièrement. Mais ils ne se mélangent pas, restent en groupe de cellule, de délit, de religion, de nationalité. L’atelier va bousculer cette habitude. Notre unité a permis de désamorcer les situations de conflit dans un milieu où la violence est prête à bondir à chaque déclenchement. Il a fallut rassurer, expliquer, banaliser quelque chose qui est absolument interdit dans une prison : la photographie. Les hésitations du début laissent place à une fluidité : détenus comme surveillants se sont habitués à nous voir nous coucher par terre ou monter sur des chaises pour avoir un meilleur angle, une meilleure lumière. Pendant deux mois, à raison de deux jours par semaine, nous avons réussi à photographier la plupart des détenus et chaque recoin de la Maison d’arrêt. Nous avons vécu des situations cocasses, comme quand Jack arrivait en pyjama, des traces de draps sur le visage, dans la salle de l’atelier ; des moments de grande joie quand Olivier a finalement su qu’il était libérable ; des moments difficiles comme pendant le procès de Guy ; de la tristesse et de la détresse aussi, souvent. Mais chaque jour, ils étaient là, prêts à travailler pour montrer ce que l’on ne voit jamais : l’intérieur d’une prison. Je ne leur ai jamais demandé pourquoi ils étaient en prison. Certains me l’ont révélé spontanément, pour d’autres je ne l’ai pas su. Ce n’était pas important dans le cadre de l’atelier. Ils ont commis un délit ou un crime, ils ont été condamnés et ils purgent leur peine. Mais après ? Nous savons la difficulté pour les détenus de se réinsérer dans la société. Alors comment ne pas nourrir l’espoir que peut-être, bien modestement, la photographie et les rencontres qu’elle provoque, puissent briser la chaine de la récidive et ouvrir des perspectives jusqu’alors ignorées ? Cette exposition est le fruit d’un travail commun. Ils n’avaient jamais tenu un appareil photo dans leurs mains ; je n’avais jamais travaillé dans une prison d’hommes. Le résultat photographique est au-delà de mes espérances, l’expérience humaine est indescriptible. Pour eux, il était important que leur reportage et le mien soient entremêlés, comme une vision concrète de notre rencontre et collaboration pendant ces quelques mois. Aujourd’hui, nous vous présentons une vision du quotidien carcéral en Maison d’Arrêt. »

 

Nous avons ensuite échangé nos premières impressions : vétusté, promiscuité, surpopulation (4 à 5 détenus dans une cellule de 9 mètres carré), mais aussi importance du sport, humanité, lien social, tels étaient les mots qui revenaient le plus souvent. Certaines photos faisaient écho au groupement de textes que nous avons étudiés sur la prison ( les cellules, les fenêtres grillagées), tandis que d'autres ont changé la représentation que nous avions de lieux, comme le parloir par exemple, qui permet un véritable contact humain.

 

Une exposition touchante qui montre les difficultés de la vie carcérale, la réalité de l'enfermement, mais aussi la volonté de ne pas couper les détenus du monde extérieur. 

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